
3 - Facteurs de dégradation de la qualité de l'eau potable
Nota : les articles du site www.eauxpotables.com sont rattachés à la législation luxembourgeoise et tracent les grandes lignes de l'approche luxembourgeoise en matière d'alimentation en eau potable.
Lors de la conception et de l'exploitation des infrastructures d'alimentation en eau potable, l'opérateur doit tout mettre en oeuvre pour conserver la qualité de l'eau depuis la sortie du site de production jusqu'au robinet de l'usager. Le tableau suivant résume les défauts de conception et d'exploitation les plus fréquemment à l'origine de la dégradation biologique et physico-chimique de la qualité de l'eau durant le captage, le transport, le stockage et la distribution [08/03/12 tableau complété] :
La consommation d'une eau contaminée par des matières fécales constitue un risque majeur pour l'homme, les fèces étant des vecteurs potentiels de microorganismes pathogènes. La stratégie de contrôle de la qualité microbiologique de l’eau est basée sur la recherche de « bactéries indicatrices d’une pollution fécale », faciles à détecter, non nécessairement pathogènes, mais dont la présence laisse supposer l’existence de microorganismes pathogènes pour l’homme. Il s’agit en l'occurrence des colibacilles, des bactéries entérocoques fécaux et des spores de clostridium perfringens.
Dans ce contexte, on peut préciser que conformément au règlement grand-ducal du 7 octobre 2002 relatif à la qualité des eaux destinées à la consommation humain, les teneurs en colonies à 22°C et à 37°C de même qu'en coliformes totaux n’ont qu’une valeur indicative servant à des fins de contrôle de la salubrité des réseaux. Leur dépassement ne représente aucun risque sanitaire majeur, mais leur constatation doit conduire à des mesures de précaution afin de prévenir tout risque pour la santé humaine. Ainsi, l’opérateur est tenu à localiser l’origine de cette dégradation (développement d’un biofilm en raison d’un temps de stagnation prolongée, connexion non permise d’un circuit incendie ou d’une installation de distribution privée d’eau, réchauffement de l’eau, notamment à l'intérieur des installations privées, appareil de traitement mal entretenu, etc.) et à surveiller l’évolution de la qualité de l’eau. En outre, il serait bien avisé d’effectuer un traitement afin de diminuer la teneur en micro-organismes. L’expérience montre que plus d'une fois, le dépassement de ces valeurs guides est toutefois à mettre en relation avec le point de prélèvement lui-même et non avec la qualité de l’eau inhérente au système analysé.
Inversement d'ailleurs, l'absence - momentanée ? (toute analyse ne donne qu'une vue momentanée et souvent locale de la situation qualitative) - de germes ou de coliformes ne garantit pas l'absence de microbes pathogènes, car ceux-ci peuvent se révéler plus résistants (aux désinfectants p.ex.) que les premiers.
La règle générale est que toute non-conformité doit être interprétée comme un signal devant entraîner des investigations et des actions correctives immédiates de la part de l’exploitant afin de revenir à une situation de conformité. Le tableau suivant fournit une aide à l'interprétation des résultats des analyses bactériologiques afin de mieux cerner l'origine de l'altération de la qualité de l'eau potable [30/03/16 tableau révisé] :
A toute fin utile, le tableau ci-après [version 01/11/10] donne les valeurs guides pour la chloration manuelle d'un réservoir de stockage en cas d'altération bactériologique des eaux distribuées. En règle générale, les eaux sont chlorées à dose élevée pendant 3 jours suivi d'une chloration permanente pendant une semaine au moins. En tout état de cause, la chloration sera maintenue aussi longtemps que la source de pollution ne soit identifiée et supprimée.
Il convient finalement de rappeler qu’avant sa mise ou sa remise en service, toute conduite d’eau potable doit être nettoyée, rincée et désinfectée et son étanchéité vérifiée. Ces opérations sont d’une importance capitale pour la conservation de la qualité de l’eau potable dans le réseau. Lors des contrôles des cahiers des charges, l’on constate des fois que le descriptif des travaux de pose des conduites ne contient aucune position spécifique pour l’essai d’étanchéité, le nettoyage et la désinfection après intervention et que ces prestations sont simplement incluses dans les positions relatives à la pose des tuyaux et des raccords. Il est préférable de lister ces opérations dans des positions spécifiques qui permettent d’en décrire le déroulement en conformité avec la norme EN 805, étant entendu que l’opération de désinfection ne pourra être exécutée que par des entreprises ou services spécialisés en la matière et agréés à cet effet par les ministres, conformément à l’article 14 du règlement grand-ducal relatif à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine.
A noter qu'avant toute opération de nettoyage et de rinçage, les tuyaux neufs revêtus intérieurement en ciment doivent être remplis avec une eau contenant un produit de désinfection afin d'éviter que le revêtement puisse s'imbiber de colonies de bactéries dès sa mise sous eau.
Même sans mise en service immédiate, toute nouvelle conduite doit être nettoyée, rincée et désinfectée afin d'éviter que d'éventuels résidus organiques ou l'éventuelle présence d'animaux puisse durablement contaminer le revêtement intérieur (de surcroît en ciment). Dans le cas des tuyaux à emboîtement, il est conseillé de laisser le conduit sous eau afin d'éviter un assèchement du revêtement intérieur (entraînant une dégradation de ses propriétés) ainsi que des joints (entraînant des fuites passagères lors de sa mise en service ultérieure).
Finalement, il y a lieu de souligner que l'eau est une ressource naturelle. Elle est aussi un milieu vivant. L'eau du robinet, de même que, d'ailleurs, l'eau de bouteille achetée dans le commerce, n'est ni stérile ni totalement pure. L'eau du robinet est une eau bonne pour la boisson, pour préparer les aliments et pour se laver.